jeudi 17 janvier 2008

Comment rationaliser l'irrationnel ?

Exposition Philippe Ramette

Domaine départemental de Chamarande




Jusqu'au 3 février




"Rationaliser l'irrationel", tel est l'incroyable quête de Philippe Ramette, Magritte français utilisant la photographie pour remettre en cause la validité des images. Mais son Oeuvre ne se résumant pas à cette production photographique, l'exposition monographique qui se tient au Domaine de Chamarande jusqu'au 3 février propose d'explorer l'univers de cet artiste oscillant autour de thématiques telles que le burlesque, le miroir et la lévitation à travers également plusieurs sculptures, installations et autres dessins.

Chamarande, c'est un château XVIIème et son immense parc à l'anglaise abritant depuis 2000 un centre artistique et culturel qui a pour vocation de constituer des collections d'Art Contemporain et de les diffuser via le Fonds Départemental d'Art Contemporain (FDAC) de l'Essonne. Des oeuvres d'artistes contemporains créées spécialement pour Chamarande sont exposées au château et dans le parc. En outre, le Domaine propose une riche programmation faite d'ateliers pédagogiques, de conférences d'initiation à l'Art Contemporain et d'expositions telle que celle consacrée au travail de Philippe Ramette.





En arrivant au château, nous sommes tout de suite interpellés par une échelle gigantesque, faisant le lien entre les douves et le château, qui fait paraître le château démesurément petit.
Cette oeuvre monumentale, est la première oeuvre de Ramette accueillant le visiteur. Elle résume assez bien les tenants et aboutissants du travail de l'artiste: l’exploration des pièges du langage, notamment par le jeu sur les mots, ou sur les sens propre et figuré ; les illusions optiques dues aux changements d’échelle.




Une fois entré dans le château, se succèdent alors au fil des salles, sculptures, installations, photographies et dessins, nous immergeant dans l'univers bien particulier de l'artiste.

Ici, un "cerveau réfléchissant"en bronze chromé miroitant (ci-dessus) joue, comme l'échelle monumentale, sur les sens figuré et propre. Ramette s'explique: "Mon désir d’utiliser le miroir est ancien et né de l’idée de jouer avec le double sens du mot, entre la réflexion visuelle et le processus mental. Le langage est souvent pour moi le point de départ d’un travail, à travers un jeu de mots ou une expression, comme tirer sur la corde, le fil du rasoir, etc..."

Là, un "objet à voir le chemin parcouru", sorte de carcan insolite (et inoffensif!) que Ramette utilise sur l'une de ses photos. Car tous ses objets incongrus sont expérimentés par l'artiste lui-même se mettant en scène sur ses photographies. Car il s'agit bien systématiquement d'autoportraits mis en espace que l'on retrouve dans la production photographique de Ramette où celui-ci y défie les lois de l'apesanteur comme celles de la rationalité. Les dessins exposés en regard et complétant à merveille les photographies avec cette ambition de "rationalisation de l'irrationnel". Ces premiers étant parfois les études de ces dernières.


Certaines œuvres, produites spécifiquement pour le Domaine départemental de Chamarande, constituent pour Philippe Ramette des projets en devenir. Ainsi, il analyse L’Ombre (de moi-même) (2007) en "référence au théâtre : un projecteur, un faisceau lumineux, une ombre au sol et un costume vide, comme la mise en scène d’une personne dématérialisée, ce costume qui est devenu un élément récurrent de [ses] photographies".




Je ne peux que vous conseiller de vous rendre à Chamarande ( desservi par le RER C 6, la gare étant à 200 mètres du château) pour y découvrir en plus d'un lieu charmant et atypique, le travail d'un artiste tour à tour grave, ironique, drôle, poétique et parfois même politique mais également vraiment accessible pour les visiteurs néophytes; pour preuve le public familial rencontré lors de ma visite un dimanche après-midi.
Dépêchez-vous, il ne vous reste plus que quelques jours !

Aurélien Demaison


http://www.chamarande.essonne.fr/

Voici le lien vers le site de la galerie de Philippe Ramette où vous pouvez y voir plusieurs de ses oeuvres: http://www.xippas.com/fr/artiste/philippe_ramette

1. Exploration rationnelle des fonds sous-marins: inversion, 2006

2. Objet à voir le monde en détail, (utilisation), 1990-2004

3. Promenade irrationnelle, 2003

4. Echelle 1, 2007

5. Cerveau réfléchissant, 2002

6. Miroir déformé, 2002

7. A contre courant (hommage à Buster Keaton), 2006

8. L'ombre (de moi-même), 2007

jeudi 10 janvier 2008

« Regarde la lumière et admire sa beauté. Ferme l’œil et observe. Ce que tu as vu d’abord n’est plus et ce que tu verras ensuite n’est pas encore. »

« Regarde la lumière et admire sa beauté. Ferme l’œil et observe. Ce que tu as vu d’abord n’est plus et ce que tu verras ensuite n’est pas encore. »

Tels sont les mots qui accueillent le visiteur dès son arrivée au château du Clos- Lucé.

Surplombant la Loire, à deux pas du château royal d’Amboise, caché derrière un simple porche et un mur d’enceinte, se trouve la dernière demeure de Léonard de Vinci.

Certains l’appellent le « Disneyland de Léonard ». Certes, il est offert de visiter la chambre même du grand Maître, représentée dans un tableau célèbre d’Ingres, ainsi que son présumé atelier et d’autres pièces de la demeure; petits et grands se réjouissent de pouvoir faire quasi l’expérience des machines volantes et autres engins de l’inventeur, reproduites grandeur nature dans le parc, entourées d’installations sonores retransmettant des pensées du Génie… et, quand l’appétit guette, avoir le choix entre une cuisine authentique renaissance (vin de sauge et soupe de fraise entre autre…) et des crêpes « à la Léonard » bien sûr. Tout est là pour immerger de manière entraînante et ludique le visiteur dans le monde de Léonard…

Mais quel est le réel sentiment qui envahit en visitant l’ancien Manoir du Clos? Celui de se retrouver réellement dans le dernier lieu que le Maître a investit. Les traces des dernières années de sa vie auprès de la Cour de France sont perceptibles, par des détails, des marques dans le bâti, tels des fresques, des esquisses montrant la vue sur Amboise telle qu’elle était à l’époque, et qui a peu changé depuis... Les preuves sont là, les vestiges sont existants, et la situation même du site en fait un endroit intemporel.

Ainsi, par certains jours, on peut entendre le maître traverser la grande terrasse en hauteur, arborée et ornée de rosiers…

Mickey l’Ange

Nostalgie quand tu nous guettes ou Ode à la Seine et Marne

Nostalgie quand tu nous guettes ou Ode à la Seine et Marne

Bienvenue au fin fond de ma chère et tendre Seine et Marne…

Histoire de dédramatiser et de vous rassurer :

C’est en Ile de France, à l’Est de Paris, et magie !! C’est accessible en transports en commun (enfin je ne saurais vous conseiller une voiture au cas où)

La Seine et Marne ce n’est pas uniquement une gentille souris (à vérifier) aux grandes z-oreilles qui grignoterait à Marne-la-Vallée au bout de la ligne A du Rer. Disons plutôt que ce sacré personnage favorise l’expansion de la ville nouvelle au détriment des rudes campagnards briards que nous sommes…

Bref, nous existons !!

Nous avons une gastronomie (le Brie de Meaux qui est le « roi des fromages » (surtout après un certain temps oublié dans votre frigo, (non sans rire il est top), le miel à la Rose de Provins (un délice), les sucres d’Orge de Moret sur Loing) donc nous nous auto-suffisons.

Nous possédons les plus beaux châteaux du monde, connus comme Vaux-le-Vicomte, Fontainebleau, Blandy-les-Tours, ou discrets Brie-Comte-Robert, Ferrière, Champs sur Marne, Bourron-Marlotte. J’espère en faire craquer plus d’un.

Attention nous sommes encerclés par des sites incroyables : les remparts de Provins, les cryptes de Jouarre, et notre célèbre butte de Doue (qui est le point culminant de la Seine et Marne née du coup de pied de Gargantua, sur lequel paissent encore nos glorieuses citoyennes de race bovine).

N’ayez pas peur nous sommes un peu civilisés, nous nous nourrissons de champignons, et de gibier venant de nos forêts ; mais nous avons également des maisons ; des commerces ; des musées (celui de la Préhistoire d’Ile de France (Nemours), celui de l’école de Barbizon, celui de nos souvenirs mais qui présente aussi notre avenir à St Cyr-sur-Morin :le musée des Pays de Seine et Marne, le musée Louis Braille (Coupvray).

De chez nous pas besoin d’aller bien loin pour être dépaysé nos villes et nos villages sont baignés d’exception, Meaux la Grande Marne, Melun la Troubadour seinaise, Crécy Petite Venise Briarde cabotée par le Grand Morin et autres rus.

Véritables agitateurs de curiosité, nos festivals attirent de plus en plus d’artistes mais aussi de public : les Musik’elles à Meaux, le Bruit de Melun, le PrinTemps de Paroles, et un de nos lieux les plus créatifs est la ferme du Buisson (elle ne se départit pas de son attache forte à la terre, au moins, elle assume sa ruralité !!! )

Eh bien sûr nous sommes les héritiers des foires de Champagne d’où notre programme serré de festivités (les médiévales de Provins, Traditions Terroir en vallée du Petit Morin, les impressions de Lagny)

Oui la Seine et Marne est un département, oui il oscille entre ville et campagne, et des manifestations qui se déroulent sur l’ensemble du territoire comme Couleur Jardin, Mémoires vives, ou Scènes Rurales, témoignent de cette double appartenance.

Oui il y a des chemins, que je dirais non semés d’embûches (ou presque) mais de tracteurs ; oui il y a des routes ; des petits vergers ; et même l’électricité !

Alors si le cœur vous en dit, si vous voulez vous isoler mais pas trop, découvrir un coin de paradis, pas trop loin de Paris…Je ne peux que vous dire : VENEZ !!

Pour plus d’infos : http://www.tourisme77.net/

http://www.atome77.com/tourisme.php

Une fervente défenseuse de son chez-elle, Emilie.

THE MAMMY NOVAS… hum que c’est bon !

Vous ne connaissez pas The Mammy Novas ?… non ce n’est pas la nouvelle version de cette marque de yahourt…il s’agit d’un groupe que j’ai decouvert au détour d’un surf sur dailymotion.

Petite troupe de sept personnes qui nous joue une musique un peu rock, avec un certain groove, parfois reggae, jungle… Avec leurs différentes influences rien d’étonnant… Radiohead, Air, The Roots, Les wriggles, Incubus, Prohom ou encore Stevie Wonder, rien que ça ! Pourtant si vous leur demandez comment qualifier leur musique, ils vous répondront tout simplement que c’est du Yogurt-rock ! D’où leur nom ?...

En tout cas lorsque Pv nova chante c’est pas du simple yogurt, c’est beaucoup plus onctueux et délicieux, accompagné de ses Lalala Vocals, les melodies comme la musique vous entrainent et vous collent ce petit sourire aux lèvres, accompagné d’une bonne dose de bonne humeur…

En plein enregistrement de leur album auto produit , je vous invite à aller gouter le yogurt-rock sur www.myspace.com/themammynovas

et de réviser vos classiques avant de les (a)voir au dessert...concert !

« The Mammy Novas est un groupe garanti sans conservateurs ni agents de saveur ». The Mammy Novas

A consommer sans moderation !!


Malalatiana Rabary

bye bye Design Design

Lundi dernier s'est achevé au Grand Palais une magnifique exposition sur le design dont le but était le suivant:
"Depuis les années soixante et le choc post-moderne des années quatre-vingt le mot « design » est en crise. Chacun y voit ce qu’ il veut et ce mot longtemps interdit dans le langage institutionnel en France connaît une telle inflation qu' il est devenu synonyme de « bien dessiné » voire « d’objet tendance ».
Design contre Design propose de confronter des objets et des meubles de l’environnement domestique de la révolution industrielle à nos jours." site du grand palais.
Cette exposition de 200 pièces n'avait donc pas le but d'être une rétrospective mais de montrer les références du design au .... design.
Heureusement pour la néophyte que je suis, j'étais accompagné d'une amie diplomée en ... design bien sur!
Ainsi en flânant dans les allées de l'exposition, j'ai remarqué 3 types de visiteurs:
1)ceux qui refont leur déco: "ce canapé irait bien dans mon salon, tu crois qu'il est ré-édité?"
2)les ultras connaisseurs: "je crois que ce designer est mort la semaine dernière" ou "on voit bien l'aspect dé-constructiviste de ce banc" Melle A.
3)les étudiants qui dessinent frénétiquement en rêvant d'être le prochain Starck.
Cette exposition reste une des meilleures que j'ai eut l'occasion de voir grâce à des pièces exceptionnelles tel que "Phantasy landscape" de Robert Panton ou "la maison uterus" de Joel van Lieshout.
Pour plus d' info: quelques illustrations Design contre Design

Sophie De Magalhães

Vivre le "passage du temps" en live-performance !

Après une visite à Lille où j'avais la frite mais pas de gîte, j'ai moi aussi eu envie de parler de cette exposition "Passage du temps", événement phare de Lille 3000 (spéciale dédicace à tous ces recoins dynamiques de la création contemporaine, le Fresnoy (studio national des arts contemporains à Tourcoing) et Bruxelles mon amour).

Balade fort agréable que cette exposition thématique autour des oeuvres de grands pontes de l'art vidéo... même si une des oeuvres les plus marquantes à posteriori pour moi fut "Nocturne" de Anri Sala, pourtant un des artistes les moins consacrés, qui présentait une vidéo intrigante : portraits croisés de 2 doux allumés, 2 personnes perdues dans leur esthétique, mais si sensibles dans l'expression de leur monde.

Anri Sala : Nocturnes, 1999.

Dans cette exposition, mon coeur s'est également pris des électrochocs... Entrée dans une pièce totalement sombre et opaque... j'avance prudemment et... énorme coup de flash !! Gary Hill m'a prise sur le vif ! Sur le vif de l'enquête forcée par ce lieu et sa scénographie gigantesque, labyrinthique. J'y ai perdu mon accompagnant pendant 55 minutes...

Gary Hill : Midnight crossing, 1997 : Manière dont notre cerveau tisse des relations entre perceptions, mots et idées. Remise en question de la conscience que nous croyons avoir de nous-même.

Malgré nos flairs respectifs indéniablement performants habituellement (peut être étaient ils alors affaiblis par les rhumingites aiguës qui sévissaient à Lille), mon ami et moi-même avons réussi à nous courir après mutuellement, sans jamais apercevoir la trace de l'autre, pendant environ une heure. Petite performance peut être, nous avons pu nous retrouver grâce à un vigile qui m'a reconnue, mon ami ayant montré ma photo à tous les vigiles du tri postal en désespoir de cause.

Cette exposition se rapproche donc plutôt d'un simulateur d'enquêtes individuelles à la Sophie Calle, ou d'un purgatoire, duquel je fus sauvée par ce vigile - mon ange gardien ?!

Bref, par ces détours nous arrivons à mon propos. Je souhaitais souligner que la performance au sens artistique du terme est proche de chacun de nous en toute situation et qu'il suffit parfois de s'égarer pour s'y retrouver (merci Francis Alys de t'égarer pour nous). L'exposition s'intitule "Passage du temps", alors après tout, jouons avec le temps.

Mes péripéties, au delà d'un besoin très contemporano-facebookien d'exposer ma vie privée, servent finalement à aboutir à une seconde remarque face à laquelle je ne sais que proposer :
Les larges expositions thématiques ne laissent parfois en mémoire des visiteurs qu'une image globale abstraite, comme une image de marque. Les expositions monographiques, elles, me semblent laisser en mémoire des visiteurs plus du travail de création en lui-même (par exemple je me souviens très bien de l'exposition sur les correspondances de Pierre Restany avec Jean Tinguely que nous avions visitée avec Antje Kramer l'année dernière).

Mais comme les idées établies sont l'ennemi d'un réel palpitant, et que nous sommes des "médiateurs culturels" junior, j'en appelle à vous, car je e retrouve finalement sans voix. Pourtant en termes de performances, la diction est une forme d'action.

Claire.

Soutine

L'exposition Soutine, forte de son succès à la Pinacothèque de Paris, se prolonge jusqu'au 2 mars 2008.
L'artiste Lituanien Chaïm Soutine est à l'honneur dans la capitale avec cette monographie magistrale qui retrace l'oeuvre troublante de cet artiste aux multiples paradoxes.Tantôt décrit à son arrivée dans le Paris de début de siècle comme un "juif pouilleux", tantôt comme un homme impeccable, au français parfait, Soutine essuya de nombreuses critiques antisémites virulentes, obscènes.
Il fréquenta assiduemment le Louvre où il copia beaucoup Rembrandt et son Boeuf Ecorché . Cézanne, le Greco, Corot et Courbet sont eux aussi des sources irréfutables de l'artiste. A travers cette exposition nous découvrons de nombreuses anecdotes souvent épiques, comme celle de son marchand, Zborowski, qui l'envoya travailler à Céret, lieu où fermente alors la création cubiste des années vingt. Soutine n'y supportant pas la solitude commença même à détruire ses oeuvres. Il supplia Zborowski de venir le chercher.
Pour entrer dans l'univers de l'expressionniste Soutine, il faut en accepter la violence, le rapport tourmenté qu'entretient Soutine avec la matière picturale. Les oeuvres sont physiquement imposantes, les superpositions de couches invitent au toucher. Il y a chez Soutine un rapport extrêmement sensuel, généreux avec la matière.
Avec Le Quartier de Boeuf , il s'essaye comme Rembrandt à la représentation de la carcasse. Ou peut- être faudrait-il y voir la métaphore de notre carcasse? En d'autre termes la représentation somme toute classique d'une vanité contemporaine...seulement Soutine, à cette capacité d'y insuffler la vie, de rendre ces chairs putrifiées (les services sanitaires de Paris s'en souviennent) vivante.
Petit, Chaïm Soutine assistait aux sacrifices de poulets en Lituanie. Trente ans plus tard, le médium de la peinture lui permettait d'exprimer le cri de sa gorge qui n'est jamais sortit.