jeudi 10 janvier 2008

Soutine

L'exposition Soutine, forte de son succès à la Pinacothèque de Paris, se prolonge jusqu'au 2 mars 2008.
L'artiste Lituanien Chaïm Soutine est à l'honneur dans la capitale avec cette monographie magistrale qui retrace l'oeuvre troublante de cet artiste aux multiples paradoxes.Tantôt décrit à son arrivée dans le Paris de début de siècle comme un "juif pouilleux", tantôt comme un homme impeccable, au français parfait, Soutine essuya de nombreuses critiques antisémites virulentes, obscènes.
Il fréquenta assiduemment le Louvre où il copia beaucoup Rembrandt et son Boeuf Ecorché . Cézanne, le Greco, Corot et Courbet sont eux aussi des sources irréfutables de l'artiste. A travers cette exposition nous découvrons de nombreuses anecdotes souvent épiques, comme celle de son marchand, Zborowski, qui l'envoya travailler à Céret, lieu où fermente alors la création cubiste des années vingt. Soutine n'y supportant pas la solitude commença même à détruire ses oeuvres. Il supplia Zborowski de venir le chercher.
Pour entrer dans l'univers de l'expressionniste Soutine, il faut en accepter la violence, le rapport tourmenté qu'entretient Soutine avec la matière picturale. Les oeuvres sont physiquement imposantes, les superpositions de couches invitent au toucher. Il y a chez Soutine un rapport extrêmement sensuel, généreux avec la matière.
Avec Le Quartier de Boeuf , il s'essaye comme Rembrandt à la représentation de la carcasse. Ou peut- être faudrait-il y voir la métaphore de notre carcasse? En d'autre termes la représentation somme toute classique d'une vanité contemporaine...seulement Soutine, à cette capacité d'y insuffler la vie, de rendre ces chairs putrifiées (les services sanitaires de Paris s'en souviennent) vivante.
Petit, Chaïm Soutine assistait aux sacrifices de poulets en Lituanie. Trente ans plus tard, le médium de la peinture lui permettait d'exprimer le cri de sa gorge qui n'est jamais sortit.

Aucun commentaire: