jeudi 10 janvier 2008

Quand Shakespeare nous inspire la modernité...

Vous allez me dire, « Shakespeare ! On a vu plus original comme sujet ! ». Détrompez-vous, car c’est bel et bien de nouveauté dont je vais vous parler.

Shakespeare, ce poète et dramaturge anglais, dont l’œuvre, à cheval sur le 16ème et 17ème siècle, semble être unique et intemporelle, ne cesse de nous inspirer. C’est lui qui a toujours su mettre à nu nos états d’âme, dévoiler nos pensées les plus intimes, nos doutes… « Etre ou ne pas être ? » Telle est la question qui le rend immortel!

Cette année le souffle Shakespearien plane sur les scènes françaises et insuffle aux artistes toute sa modernité. Son texte résonne dans la mise en scène du Roi Lear de Laurent Fréchuret et sa tragédie s’incarne dans les mouvements chorégraphiques des danseurs de Roméos et Juliettes, la dernière création de Sébastien Lefrançois, fleuron du prochain festival Suresnes Cités danse.

Voici un petit aperçu de ces deux créations que je vous invite à aller voir de plus près.




Lumière sur…

Le Roi Lear
Mis en scène par Laurent Fréchuret
(Directeur du Théâtre de Sartrouville)

« Je tiens ce monde pour ce qu’il est :
un théâtre où chacun doit jouer son rôle »



Avec: Thierry Blanc, Xavier Boulanger, Sophie Cattani, Eric Challier, Philippe Duclos, Eric Frey, Thierry Gibault, Hervé Lassïnce, Odja Llorca, Vincent Nadal, Caroline Piette, Dominique Pinon, Rémi Rauzier.

Le roi est nu!

« Un plateau vide, nu. Seuls trois châteaux de terre au milieu de la scène. Terre friable qui représente le royaume dérisoire que Lear veut partager entre ses trois filles, symbole d'un pouvoir que l'on va se déchirer et qui poussera Lear à la folie.Cette nouvelle version de la pièce, rythmée et enlevée, est une explication de texte de grande classe. Pas besoin d'être un familier de Shakespeare pour comprendre que la folie dans Le Roi Lear n'est pas celle de ceux que l'on perçoit comme des fous, mais c'est la passion aveugle et sanguinaire de ceux qui vont s'entretuer pour la possession symbolique de cette terre qu'au fil de la pièce on voit piétinée, éparpillée sur la scène, jusqu'à ce qu'il n'en reste que poussière sale et souillée. On assiste à la triste tragédie du monde. Pourtant des moments burlesques hilarants, habilement rendus, nous rappellent que le rire, autant que la cruauté, est le propre de l'homme. La nouvelle traduction (écrite spécialement) de Dorothée Zumstein est limpide, fluide et la mise en scène de Laurent Fréchuret est sobre, intelligente, servant le texte de manière évidente. Rien d'autre qu'une immense scène sans décors, très peu d'accessoires où les acteurs sont disposés comme les pions qu'on manipule sur un échiquier. Dominique Pinon a dans la silhouette, la démarche et le regard la fragilité de l'homme démuni, humilié qui accède enfin à l'innocence, à travers sa folie. Trois heures qu'on ne voit pas passer! »

Télerama
Sur une scène-désert livrée à la seule fureur de ses acteurs, Laurent Fréchuret met en gouffre la désespérante descente aux abîmes de Lear, et prend tant de plaisir à nous la conter que chaque personnage de la foisonnante intrigue acquiert tout à coup une singulière densité.

Le Figaro
Laurent Fréchuret, scrupuleux et intuitif, appuie son travail sur une traduction nouvelle de Dorothée Zumstein, une traduction pour la scène. Dominique Pinon est un admirable Lear, du premier au dernier mot.

Pariscope
Une oeuvre terrible et grandiose dans une création réjouissante où l'on frémit, où l'on rit, où l'on est saisit. Ici Shakespeare a été réadapté dans une langue volontairement actuelle. Laurent Fréchuret en propose une très belle mise en scène. En tête d'une troupe à l'unisson, un magnifique Dominique Pinon.

Le Parisien
En attendant le triste et tragique épilogue, le public rit. A maintes reprises. Là est, sans doute, la première qualité de cette mise en scène : au-delà du choix vertueux d'une scénographie dépouillée, il a réussi, sans perdre de vue le caractère fondamentalement tragique de la pièce, à mettre en lumière les traversées bouffonnes de ce merveilleux texte.

La Terrasse
Le superbe poème de Shakespeare dans une mise en scène resserrée sur le jeu d’acteurs, avec Dominique Pinon touchant dans le rôle du roi et du père déchu... La mise en scène rappelle que ce monde est aussi le nôtre…dédiée au jeu d’acteurs et à l’artisanat du théâtre, avec des rôles masculins particulièrement réussis.

Actuellement en tournée en France…



Faisons place à la danse avec

Roméos et Juliettes
d’après William Shakespeare
Chorégraphie de Sébastien Lefrançois

Depuis 1994, date de la création de sa compagnie Trafic de Styles, Sébastien Lefrançois n’a cessé de surprendre. Tout en demeurant ancré dans l’univers du hip hop, il s’est progressivement ouvert aux influences des arts plastiques : “L’incroyable Mister Pulp”, 2001, de la danse théâtre : “Attention travaux”, 2002 et du cirque : “Le Poids du ciel”, 2003 et “Spécimen”, 2006. A son parcours éclectique, il ajoute cette fois le répertoire classique et se frotte au mythe par excellence : Roméo et Juliette. Du drame d'amour magnifié par Shakespeare il pense et il a sûrement raison que “tout n’a pas été dit”. Réécrivant dans une esthétique contemporaine cette histoire de clans, il a imaginé un dispositif scénique inédit, dans lequel deux interprètes “traduisent” en mots les mouvements des danseurs. Façon astucieuse de faire pénétrer les spectateurs au cœur du code gestuel hip hop. Façon aussi de réaffirmer la prééminence du corps, outil d’une nouvelle langue des signes dont Sébastien Lefrançois nous donne les clés.


Du 31 janvier au 6 février pour la 16ème édition du festival Suresnes Cités danse.

http://www.theatre-suresnes.fr/scd/





Céline Durand

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