mercredi 9 janvier 2008

L’obscurité du marketing à l’ombre des catacombes - propos éclairant ?




Il y a quinze jours de cette nouvelle année, Guillaume de Raffin, notre fieffé créatif d’idées incongrues, envoyait un mail collectif à la classe afin de proposer une soirée hors norme pour fêter la fin d’année : visiter les catacombes. Ce que je ne savais pas, c’est que cette aventure serait pour moi une véritable révélation marketing. Un cours du soir sur les théories de communication, une métaphore en sorte, un cas pratique. C’est mon point de vue, mais vous, qu’en dites vous ?

Le mode opératoire était le suivant : rendez vous à 20h métro Vavin, pour une déambulation nocturne dans les profondeurs du réseau lymphatique souterrain parisien. Tenue décontractée de rigueur (Guillaume nous assure qu’à certains moments l’eau atteindra nos cuisses), bonnets pour sauvegarder nos têtes (les plafonds sont regrettablement bas sous terre et les moulures des moins sympathiques pour les têtes nues), lampes torches…. Saucisson et fromage à l’appui, nous nous convaincrons toute la nuit du bien fondé culinaire de notre aventure. Beau programme en somme, et à 18h déjà l’excitation est à son comble. Flavie a dévoré la moitié de ses « choco bon » en cours de droit et se demande si il en restera assez pour notre escapade. Personnellement je fais la maligne en convainquant qui veut que « c’est tropfastochelesgrottesçafaitmêmepaspeurvousverrezjvousjuremoijsuisuneduremêmepasmal. »

A l’heure dite donc, une joyeuse bande d’amis sont au rendez vous. Et là j’ai comme un spleen. Une tache noire qui envahit ma poitrine, un super trou immense qui me vide de tout, pour me remplir de bon sens. Je n’arrive plus à rire. J’ai mis cinq pulls, j’ai trop chaud et j’ai froid dans le dos. Pardonnez-moi mais je trouve ça con d’aller se mouiller les pieds dans le fleuve des enfers par -5 degrés dehors. Guillaume lui est en super forme, il se fiche un peu de moi et m’assure qu’il connaît bien le chemin, qu’il y est allé plusieurs fois et qu’au pire si on reste coincé on a assez de saucisson dans nos sacs pour tenir une semaine... Super ça me rassure…
Je file au Macdonald et m’achète un « Royal Cheese », revient mais le trou dans mon ventre est toujours là. J’ai peur, c’est nul cette aventure en plus. Dans catacombe y’a catastrophe et un peu tombe aussi…Un ami m’envoie à ce moment un texto pour me dire que des gens sont restés plusieurs jours coincés ne trouvant pas la sortie. Merci les SMS, avec eux c’est la magie du direct qui se perpétue. J’aurais préféré le recevoir à la sortie ce message, si je sors vivante... D’autre part, si je ne peux pas être demain au repas de noël maman va m’en vouloir à vie. J’argumente un maximum mais Claire et Flavie sont hyper excitées, elles n’ont même pas peur, elles m’impressionnent. Elles sont totalement inconscientes oui ! Il n’empêche que si Guillaume nous perd à un tournant, on est mal, il n’y a que lui qui a la carte. Et elle est toute petite en plus. Je suis sûre que c’est une carte Mappy qu’il a imprimé à l’arrache avant de partir…

Le rapport de cette histoire avec notre blog me direz-vous…J’en viens rassurez-vous…

On entre, il fait nuit, on se suit à la queue le leu et on a tous un numéro (moi c’est le 6…j’aime pas le 6 ça porte malheur en plus) et à chaque tournant on se recompte, pour être sûr que l’on a perdu personne. Tous le monde rigole. Pas moi. Je ne sais pas où on va mais on y va et ç’est ça qui me fait peur. Le guide c’est pas nous, c’est pas Dieu. C’est Guillaume. Et nous on suit aveuglement notre berger. C’est rigolo parce que ça change et comme ça change il faut y être. Claire a senti comme une tension chez moi alors elle me parle pour me faire penser à autre chose, son thème : le débriefing de la soirée de la veille. C’est mouillé… Claire adore le bruit de l’eau quand on marche tous dedans c’est comme un clafoutis sonore qui rebondit sur les parois ; d’ailleurs la lumière des torches sur les parois avec l’eau elle trouve ça super beau aussi, elle s’en veut d’avoir oublié son appareil photo. C’est si beau qu’elle se cogne au plafond toutes les cinq minutes. Claire est dans la poésie, moi je suis dans le super spleen. Parfois les deux ça colle. Moi j’ai qu’une envie : décoller d’ici. Et là à ce moment les mots de Desproges refont surface (sans mauvais jeu de mots): « La seule certitude que j’ai, c’est d’être dans le doute ». Je suis absolument convaincue que j’ai complètement peur, et que je n’ai rien à faire ici. Je ne peux pas sortir, je n’en ai pas les moyens j’ai oublié de compter les derniers virages. Guillaume me propose de sortir, de me raccompagner. Mais ce serait laisser les autres ici sans guide, bousiller la soirée et prendre le risque qu’ils se perdent eux aussi…et accessoirement d’avoir l’air d’une trouillarde. Et Desproges qui me dit « Vivons heureux en attendant la mort », Il me reste un peu de cynisme pour rire de la situation.
Les murs se resserrent j’enlève deux ou trois pulls. Puis on s’installe, on mange et moi je commence et finis cette bouteille de vin rosé posée là, juste là, derrière un stalactite. Si les murs se resserrent désormais ça n’est plus le fruit de mon imagination mais bien la conséquence scientifiquement démontrable de l’effet de l’alcool sur nos perceptions visuelles. On parle avec Claire, Flavie et Guillaume, on se confie, la peur ça rapproche et là où l’on est personne ne peut nous entendre. « Non seulement Dieu n’existe pas, mais essayez donc de trouver un plombier pendant le week-end » (Woody Allen) Je n’en suis pas si sûre. Ce moment là était un très beau moment.


Le rapport avec notre blog me direz vous ? J’y suis.

Cette histoire est en fait prétexte à une analogie. La société actuelle peut être assimilée, personnellement je trouve, aux catacombes. Un espace clos, fermé, un espace-cadre avec des voies, des chemins et suffisamment de tournants pour nous faire croire à des choix. Très peu ont la carte. On s’y perd parfois, et agréablement. on s’y noie, souvent et avec ravissement(est-ce que les virgules sont à la bonne place). On se cogne trop vite aux parois et ça c’est sûr. Comme les catacombes, notre société est une machine, une machine consumériste. L’objectif du marqueteur pour vendre ses produits c’est d’être le guide. Un guide qui sortira le consommateur de la machina en lui proposant un produit. Le produit, son produit, c’est la porte de sortie, la sortie vers un paradis. Nous sommes ici car on nous promet un eden, on nous a vanté un eden. Nous sommes holistiquement convaincus à 360 degrés de cet eden. Le stratège du marqueteur c’est peut-être ça : être spirituel.
Dans une salle, des gens avaient sculptés une mini cathédrale dans la roche et il y avait de la cire dans les coins, vestiges de bougies et autres machines à espoirs. Je ne sais plus le nom de cette salle mais Guillaume peut être peut tu nous la rappeler ? (Il y a des noms aux salles et le réseau des cataphiles le connaît lui… :- )


Petit condensé de notes d’intention avant de continuer : Je ne cherche pas à faire une critique bas de gamme de notre société. On l’aime notre société, on a été fait avec et on l’accepte bien notre situation, c’est nous qui l’avons faite. Je ne cherche pas à démolir notre cours de communication multimédia fort instructif bien au contraire, il s’agit juste d’une tentative de lucidité basée sur un stress emotionnellement vraiment vraiment vraiment fort.

On se réalise par la consommation. On extériorise nos valeurs en affichant nos consommés de dernière minute. Si j’achète bio c’est bien parce que je respecte la planète non ? Notre quête à tous c’est de se trouver, de nous trouver, savoir qui l’on est, non ? Alors on se cherche un peu en achetant, on cherche ce qui nous ressemble. On s’achète un peu d’image par l’objet, par la nouveauté, par le signe. Difficile de mesurer son R.O.I, alors il faut surenchérir. Nous sommes des consommateurs de média, des consommateurs de message. De grands gestionnaires de messages.

... vaste blague ...


Géraldine Genin

























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