Après une visite à Lille où j'avais la frite mais pas de gîte, j'ai moi aussi eu envie de parler de cette exposition "Passage du temps", événement phare de Lille 3000 (spéciale dédicace à tous ces recoins dynamiques de la création contemporaine, le Fresnoy (studio national des arts contemporains à Tourcoing) et Bruxelles mon amour).
Balade fort agréable que cette exposition thématique autour des oeuvres de grands pontes de l'art vidéo... même si une des oeuvres les plus marquantes à posteriori pour moi fut "Nocturne" de Anri Sala, pourtant un des artistes les moins consacrés, qui présentait une vidéo intrigante : portraits croisés de 2 doux allumés, 2 personnes perdues dans leur esthétique, mais si sensibles dans l'expression de leur monde.
Anri Sala : Nocturnes, 1999.
Dans cette exposition, mon coeur s'est également pris des électrochocs... Entrée dans une pièce totalement sombre et opaque... j'avance prudemment et... énorme coup de flash !! Gary Hill m'a prise sur le vif ! Sur le vif de l'enquête forcée par ce lieu et sa scénographie gigantesque, labyrinthique. J'y ai perdu mon accompagnant pendant 55 minutes...
Gary Hill : Midnight crossing, 1997 : Manière dont notre cerveau tisse des relations entre perceptions, mots et idées. Remise en question de la conscience que nous croyons avoir de nous-même.
Malgré nos flairs respectifs indéniablement performants habituellement (peut être étaient ils alors affaiblis par les rhumingites aiguës qui sévissaient à Lille), mon ami et moi-même avons réussi à nous courir après mutuellement, sans jamais apercevoir la trace de l'autre, pendant environ une heure. Petite performance peut être, nous avons pu nous retrouver grâce à un vigile qui m'a reconnue, mon ami ayant montré ma photo à tous les vigiles du tri postal en désespoir de cause.
Cette exposition se rapproche donc plutôt d'un simulateur d'enquêtes individuelles à la Sophie Calle, ou d'un purgatoire, duquel je fus sauvée par ce vigile - mon ange gardien ?!
Bref, par ces détours nous arrivons à mon propos. Je souhaitais souligner que la performance au sens artistique du terme est proche de chacun de nous en toute situation et qu'il suffit parfois de s'égarer pour s'y retrouver (merci Francis Alys de t'égarer pour nous). L'exposition s'intitule "Passage du temps", alors après tout, jouons avec le temps.
Mes péripéties, au delà d'un besoin très contemporano-facebookien d'exposer ma vie privée, servent finalement à aboutir à une seconde remarque face à laquelle je ne sais que proposer :
Les larges expositions thématiques ne laissent parfois en mémoire des visiteurs qu'une image globale abstraite, comme une image de marque. Les expositions monographiques, elles, me semblent laisser en mémoire des visiteurs plus du travail de création en lui-même (par exemple je me souviens très bien de l'exposition sur les correspondances de Pierre Restany avec Jean Tinguely que nous avions visitée avec Antje Kramer l'année dernière).
Mais comme les idées établies sont l'ennemi d'un réel palpitant, et que nous sommes des "médiateurs culturels" junior, j'en appelle à vous, car je e retrouve finalement sans voix. Pourtant en termes de performances, la diction est une forme d'action.
Claire.
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