mercredi 9 janvier 2008

Passage du temps – Pinault Foundation - Tri postal – Lille 3000

Introduction

Commissaire de l’exposition : Caroline Bourgeois qui s’est occupée de la constitution vidéo de Pinault entre 1999 et 2001. Actuelle directrice du Plateau, FRAC Ile-de-France.

97 œuvres créées par 39 artistes. 8 sections.

Le lieu : Tri Postal, Lille : lieu lié au travail, ancien service public, lieu atypique, sentiment de vécu, lieu non aseptisé. Possibilité d’avoir de grands espaces (6000m²) : très intéressant pour des projections vidéo et photo. Le spectateur peut avoir un recul suffisant pour apprécier l’œuvre mais également en faire partie.

L’expo se déroule sur 3 niveaux. Ce n’est pas une expo muséale classique. On doit revenir sur ces pas pour voir les autres espaces. Va avec les idées véhiculées par la vidéo : le mouvement et le flux. Les œuvres se font échos.
Deux interludes : espace de repos, de documentation pour le 1er et de lumière. Temps de respiration et de lumière entre les salles sombres où sont présentées les œuvres. Ce sont les seules pièces où il y a de la lumière du jour comme une ouverture sur le monde extérieur.

Scénographie :
- Bonne maîtrise de l’espace.
- Rajout de cloison et moquette.
- L’espace et la scéno permettent une confrontation des œuvres entre elles.
- Deux fils d’Ariane : _ Néons bleu au sol : minimaliste dans la veine de Dan Flavin. Rappel de la 1ère œuvre présentée.
_ Les télé au sol avec la vidéo d’Adel Abdessemed, Happiness in mite, 2003.
- Pédagogie : cartels, plan des espaces pour tous les grands thèmes avec pré-visualisation de l’espace par sa représentation sous forme son architecture intérieure.
Titres des sections simples pas seulement chronologiques mais également thématiques.
- Pas trop élitiste. Explication bien dosée.

Point faible :
Les œuvres interdites au moins de 18 ans ou 12 ans sont mal signalées et protégées du spectateur mineur.


L’exposition

Eblouissement
1ère salle : œuvre monumentale de Dan Flavin : Untitled (to Saskia, Sixtina, Thordis) sa plus grande œuvre qui n’a été exposé seulement 2 fois. La 1ère fois était en 1973 au Kunshalle de Cologne. Espace rythmé par 240 tubes de néons colorés sont disposés sur 2 murs de 50 m de long. L’œuvre joue avec le lieu, notamment les colonnes industrielles.


Les années 70
Apparition de l’image en mouvement.
Les artistes présentés ic sont des pionniers, précurseurs. Ils utilisent des moyens technologiques afin de changer l’idée d’œuvre d’art.

_ Cindy Shermann : Travaillant la série dès les années 60, la photographe nord-américaine, se met constamment en scène, sous des costumes et des maquillages différents.
Autoportraits : déguisement, interprétation des rôles. Série faisant partie de ses 1ers travaux.
2 séries : personnes attendant un bus et des possibles assassins.
- Untitled, Bus Rider Series (1976/2005).
- Untitled, Murder Mystery Series (1976/2000).
_ Gilbert and Georges : En 1969, ils se déclarent « sculptures vivantes ». Leurs pensées et leurs sentiments sont au centre de leur œuvre.
- A drinking sculpture, 1974.
_ Dana Birnbaum : Questionne l’usage de l’image et le rôle attribué aux femmes.
En se réappropriant une série télé, « La croisière s’amuse », elle manipule le spectateur.
1ère œuvre à utiliser des images issues de programme télé.
- A drift politics : Laverne & Shirley, 1979.
_ Martha Rosler : Annonces publicitaires de différents pays. Elle fait apparaître le caractère hégémonique des USA véhiculé par le cinéma et la tv. Idée naissante de mondialisation. L’artiste est engagée politiquement.
- Global Taste, 1985.
_ Marcel Broodthaers : Œuvre protéiforme. Il conçoit l’exposition comme un moyen de subvertir la notion d’art.
Une seconde d’éternité, 1970 : Autorité de l’artiste par la signature.
_ Adel Abdessemed : Happiness in mite : 7 vidéos disséminées dans toutes l’expo. écran tv au sol avec l’image d’un chat lappant du lait dans une coupe au sol. = sorte de fil d’Ariane au sol dans l’expo.
_ Dan Graham : interroge la relation entre espace privé et espace public, ainsi que la place du spectateur dans l’art et dans la société.
Body Press, 1970/1972 : Performance où les personnes se filment nus dans une pièce pleine de miroirs.
_ Bruce Nauman : Dans les années 70, il utilise tous les médiums : sculpture, performance, vidéo, etc. sauf peinture. Ici, œuvre récente mais artiste de référence de cinquante dernières années.
Test tape fat chance John Cage, 2001 : Images captées dans son atelier par une caméra infra-rouge laissée allumée la nuit. Puis, les images ont été retravaillées au montage.
= Absence de l’artiste, intimité du lieu de travail. Il y a en même temps tout à voir et rien à voir. Questionnement sur le temps, l’espace et le contrôle du travail artistique.
Hommage à John Cage.



Et si on jouait
Thèmes : Humour, jeu, enfance. Attitudes, rôle, caricature.
Le rire permet de transmettre une certaine lucidité. Les artistes présentés dans cet section se jouent de l’image de soi.

_ Fischli & Weiss : Œuvre commune depuis 1979.
2 films : caricature de deux attitudes anthropomorphiques : indifférence du chat et désir du chien.
_ Pierre et Gilles : actif depuis 1976.
_ Cindy Shermann : Untitled, 2004 : Clown : cirque/vie, gaîté/tristesse.
_ Aernout Mik : Artiste néerlandais. Utilise la vidéo de manière sculpturale. Met en scène des groupes de personnages. Regard sur le comportement humain dans des situations insolites (émeutes, scènes de pillage). Tout semble réaliste jusqu'à ce qu’un détail choque. Comportements inadéquats, éléments inattendus.
Organic Escalator, 2000 : Groupe de personnages bloqués ds un escalator. Mais côté carton pâte qui dédramatise. L’escalator n’est pas réel.
_ Anna Gaskell : Photos et vidéos s’inspirant des contes de fées : univers surréel entre rêve/cauchemar, jeu/horreur, connu/inconnu, fiction/réalité.
Magicass (1997) : 1ers travaux : inspiration des contes de Grimm : Peau d’âne.

Salle avec 4 œuvres de Gilbert and Georges : Appréhender leur travail sur pls périodes. Ils partent d’une image dans la culture de rue (affiche ou magazine) retravaillée en se mettant en scène.
Sujets : sexualité, intégrisme, islamisme, pornographie.
Œuvre monumentale : Blood tears spunk piss, 1996.

Interlude 1
Catalogues du travail des artistes en libre circulation.
_ Rosemarie Trockel
_ Dominique Gonzalez-Foerster
_ Piot Uklanski : Untitled (Skull), 2000.


Histoire de cinéma
Marque de l’histoire du cinéma dans le champ de l’image en mouvement.
Les artistes présentés se préoccupent de l’héritage du cinéma : déconstruction, appropriation, détournement. Ils interrogent nos connaissances et nos habitudes de spectateur.

_ Paul Pfeiffer : reconstitue la célèbre scène de Psychose.
Self portrait as a fountain, 2000 : allusion qu’avait Hitchcok d’apparaître dans ses films.
_ Rodney Graham
_ Francesco Vezzoli : Se parodie pour accéder au rand de star.
Marlene Redux : A true Hollywood story, 2000 : Vrai et faux documentaires. Sa bio accumule tous les traits habituellement utilisés pour romancer la vie des personnes publiques.
_ Douglas Gordon : Artiste britannique. Un des 1ers à utiliser l’image cinématographique comme matière.
Through a looking glass, 1999 : manipule un extrait de Taxi Driver où De Nira interprétant un psychopathe, menace son reflet dans la glace. L’artiste projette avec un léger décalage sur 2 écrans placés face à face, de manière à ce que le psychopathe se regarde doublement. Il crée un double face à face.

_ Pierre Huyghe : Travaille aussi à partir du cinéma.
L’Ellipse, 1998. Triple projection. Manipule le temps. Entre deux scènes du film de Wim Wender, L’Ami américain, il inclut une scène intermédiaire.


Histoire de vie et de survie
La réalité du monde actuel, l’urgence de notre monde et le paradoxe des sociétés dans les différentes cultures.

_ Adel Abdessemed (6 œuvres dans une pièce) dont Birth of love, 2003.
_ Shirin Neshat : Artiste irannienne, vivant à NY. Codes sociaux culturels et religieux des sociétés islamiques. Le rôle des hommes et des femmes.
Années 90 : elle utilise la vidéo comme support.
Rapture, 1999 : 2 récits parallèles : deux mondes hommes et femmes.
_ Steve Mc Queen
_ Anri Sala : Nocturnes, 1999.
_ Kendell Geers


Interlude 2
Le mot interlude est emprunté aux usages télévisuels, moment entre deux émissions, comme ici, une proposition atypique traversant 2 sections thématiques de l’exposition.
_ Tim Noble et Sue Webster : Forever,2001 : 3ème version.
_ Michel François : Bureau augmenté, 1998/2007.


Passage du temps
L’immortalité est le sujet des œuvres exposées. Les artistes parlent dans cette section de notre obsession de l’au-delà, de la mort, de nos croyances et espoirs. Idée d’une « fin » : fin d’une vie, mais aussi fin de l’expo.

_ Bill Viola : La première œuvre vidéo achetée par le Met est de B. Viola.
Going forth by day, 2002 : 5 projections : La naissance du feu/Le chemin/Le déluge/Le voyage/L’aube. Traitent du passage.
_ Gary Hill : Midnight crossing, 1997 : Manière dont notre cerveau tisse des relations entre perceptions, mots et idées. Remise en question de la conscience que nous croyons avoir de nous-même.
_ Ed Rusha : Untitled, 2002.
_ Andres Serrano :
- Black supper, 1991.
- Piss Christ,1987.
_ Hiroshi Sugimoto : Sa technique contribue à placer hors du temps des sujets qui nous détachent de l’instant.
- Pine tree landscape I & II, 2000. - The Last supper, 1999. L’artiste japonais a photographié des personnages de cire : dimension irréelle et intemporelle.

Olivia de S.

1 commentaire:

IESA Communication multimedia a dit…

Après une visite à Lille où j'avais la frite mais pas de gîte, j'ai moi aussi eu envie de parler de cette exposition "Passage du temps", évènement phare de Lille 3000 (spéciale dédicace à tous ces recoins dynamiques de la création contemporaine, le Fresnoy (studio national des arts contemporains à Tourcoing) et Bruxelles mon amour).

Balade fort agréable que cette exposition thématique autour des oeuvres de grands pontes de l'art vidéo... même si une des oeuvres les plus marquantes à posteriori pour moi fut "Nocturne" de Anri Sala, pourtant un des artistes les moins consacrés de l'exposition, qui présentait une vidéo intrigante : portraits croisés de 2 doux allumés, 2 personnes perdues dans leur esthétique, mais si sensibles dans l’expression de leur monde.

Anri Sala : Nocturnes, 1999.

Dans cette exposition, mon coeur s'est également pris des électrochocs.... Entrée dans une pièce totalement sombre et opaque... j' avance prudemment et... énorme coup de flash !! Gary Hill m'a prise sur le vif ! Sur le vif de l'enquête forcée par ce lieu et sa scénographie gigantesque et labyrinthique. J'y ai perdu mon accompagnant pendant 55 minutes…

Gary Hill : Midnight crossing, 1997 : Manière dont notre cerveau tisse des relations entre perceptions, mots et idées. Remise en question de la conscience que nous croyons avoir de nous-même.

Malgré nos flairs respectifs indéniablement performants habituellement (peut être étaient ils alors affaiblis par les rhumingites aiguës qui sévissaient à Lille), mon ami et moi même avons réussi à nous courir après mutuellement, sans jamais apercevoir la trace de l'autre, pendant environ une heure.
Petite performance peut être, nous avons pu nous retrouver grâce à un vigile qui m'a reconnue, mon ami ayant montré ma photo à tous les vigiles du tri postal en désespoir de cause.

Cette exposition se rapproche donc plutôt d'un simulateur d'enquêtes individuelles à la Sophie Calle, ou d'un purgatoire, duquel je fus sauvée par ce vigile - mon ange gardien ?!

Bref, par ces détours nous arrivons à mon propos. Je souhaitais souligner que la performance au sens artistique du terme est proche de chacun de nous en toute situation et qu'il suffit parfois de s'égarer pour s'y retrouver (merci Francis Alys de t'égarer pour nous) . L'exposition s'intitule "passage du temps", alors après tout, jouons avec le temps.

Mes péripéties, au delà d'un besoin si contemporano-facebookien d'exposer ma vie privée, servent finalement à servir une seconde remarque face à laquelle je ne sais que proposer :

Les larges expositions thématiques ne laissent parfois en mémoire des visiteurs qu'une image globale abstraite, comme une image de marque. Les expositions monographiques elles, me semblent laisser en mémoire des visiteurs plus du travail de création en lui-même (par exemple je me souviens encore très bien de l'exposition sur les lettres de Pierre Restany and co que nous avions visitée avec Antje Kramer l'année dernière).

Mais comme les idées établies sont l'ennemi d'un réel palpitant, et que nous sommes des "médiateurs culturels" junior, j'en appelle à vous, car je me retrouve finalement sans voix. Pourtant en termes de performances, la diction est une forme d’action.

Claire.