mercredi 9 janvier 2008

Droit de réponse : Un voyage éclairé au coeur de Paris


/ / / Voyage au Coeur de Paris – partie ½


Catacombes ou ossuaires, anciennes carrières, métro, RER, égouts, caves et parkings… les sous-sols de Paris constituent un gigantesque gruyère : tous ces réseaux qui sont indépendants les uns des autres, témoignent de l’histoire d’une ville et deviennent, à l’abri des regards, un terrain de jeux pour amateurs de sensations !

Simples touristes, cataphiles avertis, ou spéléologues confirmés, il y en a pour tous les goûts : les endroits à explorer, les réseaux à découvrir, les dédales de labyrinthes sont autant de moyens pour s’amuser, pour se faire peur, pour chercher LE lieu inconnu de tous, ou tout simplement pour se balader…

Dès leur création à la fin du XVIIIe siècle, suite à une saturation des cimetières parisiens, les catacombes (ou plus exactement, l’ossuaire officiel de la ville de Paris) ont toujours fascinées : en 1787, le futur Charles X y descendit. En 1814, François 1er, empereur d’Autriche, résidant en vainqueur à Paris les visita. En 1860, c’est Napoléon III qui y descendit accompagné de son fils. Mais depuis les années 60, apparaît un regain d’intérêt pour la visite de ces endroits interdits ; dans les années 1980, l’organisation de soirées mémorables auxquelles participaient beaucoup d’artistes, et de membres du show-business, ont également contribué à faire connaître aux parisiens l’endroit de leur ville qu’ils connaissent le moins.


Partie 1


/ / Éclaircissement – du calcaire à l’I.G.C :


Catacombes et carrières sont à différencier… Leur origine explique la raison pour laquelle tant de réseaux sous terrains existent sous Paris.

I – Les carrières :

> Un peu d’histoire :

Depuis que nos civilisations ont cherché à ériger les premières constructions durables, la pierre à bâtir a fait l'objet d'exploitations. Lieux de cultes, temples, ou habitations, la pierre constitue une richesse pour celui qui l'exploite, quelle qu'elle soit selon les ressources locales : granites, craie ou calcaire…

Du Ier au XIIe siècle, l’exploitation primitive du calcaire parisien s’effectue principalement au niveau du sud du 6e arrondissement actuel. Les morceaux gisant au sol sont tout d’abord rassemblés et utilisés, puis des bancs de roches compactes affleurant la surface sont ensuite exploités.

À partir du XVe siècle, l’amélioration des techniques d’exploitation de la pierre va permettre de développer les réseaux d’extraction via des puits verticaux, munis de roues de levage : le but étant de remonter des blocs toujours plus volumineux extraits du gisement.

Dès le XVIe siècle, face au développement de Paris et des cités avoisinantes, les carrières existantes alors ne pourvoient qu’en partie aux immenses besoins de pierres nécessaires aux constructions. Effectivement, les techniques d’extraction ne permettaient que l’exploitation de la moitié du gisement : chaque masse de pilier tourné1 laissé en place, constitue un manque à gagner important.

Mais au XVIIIe siècle, le rendement va être amélioré grâce à l’invention des hagues et des bourrages : les vides sont désormais remblayés par des déchets de construction, et consolidés par des murs de briques peu coûteux.

(1) Pilier tourné : masse calcaire non exploitée servant de pilier naturel à la carrière.



> L’âge d’or des maîtres carriers :

La production intensive de calcaire constituait le travail des carriers : du XVIIe au XIXe siècle, ces hommes devaient extraire des bancs de pierres selon deux techniques bien précises, le souchevage et le défermage : la première permettait de creuser entre différentes couches de pierres, tandis que la seconde permettait quant à elle, l’extraction à proprement parler des bancs de calcaires.


a) Souchevage :




b) Défermage :


Ces méthodes d'exploitation seront utilisées dans la capitale et dans toute la région parisienne. En 1810, un décret interdira définitivement toute exploitation des carrières souterraines à Paris, puis progressivement dans toute la région parisienne. Cette date va d’ailleurs coïncider avec une invention révolutionnaire : le béton.



Photo : Majestueuse carrière de gypse en banlieue parisienne avec étayage en bois. Ce lieu a vu se dérouler des soirées où plus de 1 000 personnes venaient y faire la fête.

> Les champignonnières :

La fin de l’exploitation des carrières, au début du XIXe siècle, a laissé d’immenses cavités souterraines abandonnées. Tous ces espaces devenus inutiles ne restent pas inexploités pendant longtemps puisque la découverte de la culture du champignon de Paris en 1811 par Chambry, un agriculteur de Passy, met bientôt fin à cette situation.

La température et l’humidité de l’air, parfaitement constant dans les carrières, ainsi que l’absence de lumière, favorisent cette culture.



Photo : une exploitation de champignons dans les sous-sols de Paris.


> L’inspection générale des carrières – I.G.C. :

a) Origine :

L'histoire de l'inspection des carrières va commencer dans ce contexte d'exploitation intensive des carrières de Paris et de sa région. Le sous-sol de la capitale et de sa proche banlieue a été considérablement creusé, laissant d'immenses vides abandonnés et à peine répertoriés. Sur des centaines d'hectares, pratiquement dénués de consolidations durables, reposent des constructions de plus en plus imposantes et toujours plus nombreuses.

De gigantesques effondrements se produisent : terrains, maisons, immeubles entiers… En 1774, une catastrophe va terroriser les Parisiens : l’engloutissement de la rue d’Enfer : plus connue aujourd'hui sous le nom de … boulevard Saint Michel !

À la suite de ce drame, les premières études se révèlent catastrophiques : les carrières souterraines sont immenses, totalement instables et rien n'a été prévu pour contenir ce danger imminent. Un service spécialisé va donc naître dans l'urgence en 1776 pour tenter d'y faire face : l’IGC.

L’IGC est donc la première à mettre en place une cartographie de plus en plus précise des sous-sols de Paris.




Photo : atlas souterrain de l’IGC de 1855.


b) Les techniques de consolidation :

Les ouvrages de l’IGC s'inspirent des consolidations plus anciennes et des progrès architecturaux de l'époque. Un remarquable souci du détail et du travail parfaitement réalisé est orchestré dans ces souterrains avec une débauche de moyens, de savoirs faire et d'ingénierie. La qualité du travail de la pierre, l'appareillage des maçonneries, et l'audace des ouvrages, sont comparable en tout point à des travaux réalisés en surface pour la réalisation de monuments prestigieux.

Photo : encorbellement sous l’église du Val de Grâce.


Photo : murs.
  • … Et ??


    Maintenant vous connaissez la raison de l’existence de réseaux sous terrains à Paris !


    À suivre : les catacombes et le réseau actuel.


    Attention : depuis le 2 novembre 1955, un arrêté préfectoral interdit tout accès et toute visite de ces lieux.

Guillaume de R.

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